A avoir regardé coudre ma mère, je connais la préparation nécessaire – la précision qu’on s’impose – le choix des matières premières – les heures qu’on ne compte pas. Du haut de mes 8 pommes, aller choisir des tissus étaient un ravissement olfactif et visuel. J’ai appris à toucher, à soupeser, à apprécier. C’est pour cela qu’acheter du tissu est encore un rituel durant lequel je n’aime pas être dérangée!
A avoir vu mon grand-père dessiner des arobases tout en sifflant, choisir ses tiges de fer forgé, tordre – chauffer – retordre puis souder, j’ai vu un objet naître de mes yeux. J’ai appris qu’on pouvait “faire”, customiser. Non tout ne venait pas des magasins!
A avoir appris à crocheter avec des fils de plus en plus fins avec ma grand-mère, je sais ce que les termes méticuleux et travail soigné signifient. C’est une chose de crocheter un napperon mais c’est des centaines d’heures pour faire de la customisation de nappes, de draps ou de dessus de lits!
A 10 ans, fraîchement installée en maison je vis et vois ce que bricolage, rénovation, gros œuvres veulent dire. Mon père avait cette patience et cette rigueur, ce soin à tout préparer avant de commencer, cette curiosité à apprendre ce qu’il ne connaissait pas pour faire par lui-même.
A travailler de mes mains, je sais ce que créer sous-entend: réfléchir en amont, faire et défaire, recommencer par rigueur, prendre son temps, s’adapter aux contraintes et aux imprévus, accepter aussi l’échec pour au final éprouver une satisfaction intense. Créer pour moi est un état proche de la méditation: je “vis” ma création.
A observer, j’ai appris à décortiquer – à comprendre par moi-même. Ma capacité à visualiser en 3D et à projeter s’est développée et a apporté à la création une nouvelle joie: être inspirée par tout ce qui m’entoure ! Et le terrain de jeu est vaste !